Cette nuit, j’ai eu  du mal à m’endormir.

Une heure et trente sept minutes déjà que je tourne, dans le lit, un petit coup à gauche, un autre à droite.
Mais pas de nouveau film, dans ma tête, ni rêve ni cauchemar.

Bon, revenons à nos moutons.

J’ai souvent entendu dire qu’à défaut de somnifère, la solution était justement de compter les moutons.

Pourtant, j’avais beau les chercher dans ma tête.
En vain.
Ils ne brillaient pas de mille feux afin que je les aperçoive.

Puis, je me suis penché sur le côté du lit, pour récupérer mes lunettes, tombées d’un coup de drap.
Je m’étais dit que je pourrais mieux les discerner avec mes verres salvateurs.

Effectivement, j’ai trouvé  un mouton.

Il se cachait, sous le lit, dans l’attente d’un coup de vent surgi de la fenêtre ou une inspiration de haute voltige d’un tube aspirateur.

Nous avons engagé la conversation.

Il m’a dit s’ennuyer.
Il se sentait seul, sous le lit. Ses amis avaient quitté la chambre, depuis peu et l’avaient laissé en plan.

Lui, le chef de file, le fil conducteur.
Le fil de laine, le fil de soi, même.

Il se trouvait au milieu du nuage de poussière, comme dans un nuage de coton.
Pas de peau. Le gros chagrin.

Ne bougeant pas  beaucoup, il me faisait une confidence sur son surpoids:

• Bientôt l’on me prendra pour un mouton glouton. »

Je lui répondais:

• Mon amie, ma compagne, ma femme va me reprocher de la tromper. Avec un mouton, de surcroît. Elle va me reprocher un ménage à  trois.

• Tu ne la trompes pas, tu te trompes, me répondit le mouton. Si je grossis, c’est justement qu’il n’y a pas de ménage du tout. Ni à deux, ni à trois.

Le mariage est vraiment une activité de longue Ha’laine…

Me voilà dans l’embarras.

 

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