Lassé de compter les jours qui passent, j’enlaçais l’instant présent pour le retenir, afin qu’il ne s’enfuie pas.
Pas tout de suite…
A moins qu’il ne m’emmène avec lui.
Qu’il me prenne par le bras comme un amant, une maîtresse ou me tienne la main comme un enfant.

• Si tu me prends avec toi, je resterai présent, comme ton double, lui dis-je.

• Tu resteras présent ?…
Te moques tu de moi ?…
Comment peux me parler d’être présent, alors que tu conjugues ta phrase au futur ?

• C’est une expression, une façon de parler.
Je voulais juste dire que je serai à tes côtés, comme une ombre.
Tu pourras m’éclairer quant à mon avenir.
Pour éviter que je me perde.

• Mais si je t’éclaire, tu ne pourras plus me suivre comme une ombre.
Il faudrait plutôt que je m’éclaire pour cela.

• Oui, c’est un peu vrai. Comment faire alors ?

• Et puis, en admettant que la lumière jaillisse sur moi, mon image se projettera dans le temps.
Mais surtout, tu seras parfois à mes côtés, mais encore ou en avant ou en arrière.
En avance ou en retard.

• Aïe, oui. Bien sûr, c’est évident.
Pourtant, justement, je ne veux pas rester en arrière, dans le passé.
Je veux avancer avec toi.
Dans le présent et accéder à un futur plus lumineux, plus radieux.

• Ahhh, évidemment. Pour autant, si tu demeures dans moi, dans le présent, tu ne seras plus à mes côtés.

• Le problème, c’est que je veux être aussi présent dans ton futur.
Ton futur qui devient mon futur…
Pour autant, quand ton futur s’offrira à mon futur, ce sera ton cadeau, j’en conviens.
Je le vivrai comme un présent…
C’est promis, comme ton présent qui devient le mien…

Mais alors, nous serons dans l’instant présent du futur…

Et puis, si le futur nous infligeait le mode antérieur…
Nous nous verrions obligés de vivre une forme passée de notre futur qui ne sera pas obligatoirement notre présent, à cet instant présent du futur, évidemment.…

• Ton discours est digne d’un château en Espagne, El hombre…

• A qui parles tu, à l’hombre que je suis ou l’ombre qui me suit…

• Je m’adresse à la structure originelle, non à son image, si peu fidèle et changeant de sens et d’orientation à la moindre lueur de mon esprit.
Pour autant, nous pourrions même parler de cette ombre que tu fuis.
Ultime image projetée sur le réel tandis que tu évolues dans le virtuel, ne déplaçant que de l’air à chacun de tes mouvements.
Ton ombre, le vestige sombre qui te suit quand tu penses parfois même mener ta vie en couleur.

• Ohhhh, C’est juste. J’avoue l’avoir adoptée à ma naissance. Ma connaissance la plus proche, probablement…
L’épuisé et son épousée…

 

A suivre…

 

LED.